
Tandis qu'une nouvelle ère se lance pour le poker live, PartyPoker a décidé de passer la vitesse supérieure en s'attachant les services de John Duthie.
Pour aller quelque part, mieux vaut trouver quelqu’un qui connaît le chemin.
Et alors que s’ouvre une nouvelle ère pour le poker live, PartyPoker a pris la décision de se lancer dans le grand bain.
Ceux-ci savent où ils veulent aller. Ils savent ce qu’ils veulent faire. Il ne leur manquait en fait qu’un guide. Quelqu’un qui connaît le chemin. Qui l’a déjà parcouru.
Quelqu’un comme John Duthie, fondateur de l’European Poker Tour, qui vient de signer un contrat de 5 ans en tant que grand manitou du PartyPoker Live Tour.
John, pourquoi t’être lancé là-dedans ?
Toute l’équipe de PartyPoker est venue à Punta Cana pour un tournoi. Un soir, ils étaient bourrés et ont décidé d’essayer de me convaincre de les rejoindre.
Ils m’ont appelé depuis Punta Cana pour me proposer de participer.
J’en ai parlé à ma femme, elle était d’accord. Après avoir réfléchi un peu pendant quelques jours, je me suis dit que j’allais me lancer. Ça avait l’air sympa.
Ces gars-là, ils ne sont pas comme les autres. C’était Tom Waters, Rob Yong, Simon Trumper... Pas un seul que je n’apprécie pas.
J’aime bien Rob, il est très direct. Et quand j’ai rencontré Tom Waters, je l’ai tout de suite apprécié. Alors je me suis dit : allons-y.
Pourquoi avoir pris cette décision maintenant ?
Aux États-Unis, Matt Savage et le WPT font du très bon boulot, dans le respect des joueurs.
Mais en Europe, il n’y a plus aucun respect des joueurs. Depuis que j’ai quitté l’EPT, j’ai assisté à deux événements. Je n’ai pas aimé ce que j’y ai vu. Au début, j’ai pensé que c’était juste moi, mais je sentais que non.
Les gens ne s’amusaient plus. C’était une corvée. Il n’y avait aucune ambiance, rien.
Quand on avait l’open bar à Dublin - ce qui n’était pas forcément une bonne idée, je vous l’accorde - on ne s’ennuyait jamais. Quand les gens se faisaient éliminer, ils allaient au bar, poussaient la chansonnette. On ne voit plus ça.
Je pense que c’est ce qui m’a convaincu.
J’étais triste de voir que l’EPT était devenu quelque chose qui ne ressemble plus du tout à ce que je voulais. C’était devenu une trop grosse machine.
Je ne crois pas que ce soit la faute de quelqu’un en particulier. J’ai beaucoup à redire sur les circuits poker. Ça se résume à ça. Je veux juste être capable de retrouver l’ambiance de l’Irish Open de l’année dernière. Les gens s’amusaient, et c’est quelque chose qu’on a perdu dans les tournois européens.
Le Dusk Till Dawn est un très bon exemple de ce qu’on devrait voir dans toutes les salles de poker. Ils font du très bon boulot. Si on arrive à faire quelque chose comme ça dans tous les autres tournois, cela ne peut que bien se passer.
Penses-tu pouvoir satisfaire à la fois les joueurs professionnels et les amateurs ?
C’est une question intéressante.
Je pense que les amateurs n’aiment pas les joueurs qui réfléchissent trop. Ils n’aiment pas que les gens mettent trop longtemps à jouer.
Ils ne se préoccupent pas des "ranges". Ils regardent leur main et veulent se lancer.
Peu importe s’ils manquent le flop. Ce qui les énerve, c’est qu’un joueur passe plus de 30 secondes à décider quoi faire.
C’est difficile de trouver l’équilibre. Le seul moyen d’y arriver, c’est d’aller voir le joueur en question et de lui dire que s’il continue, on va devoir utiliser un chronomètre.
Je comprends leur problème. C’est une question de mental, ils ne se demandent pas s’il a une paire de dix ou je ne sais quoi. Donc oui, c’est peut-être difficile de trouver l’équilibre.
On ne peut pas empêcher les pros de participer à ces tournois. Ce que nous voulons, c’est créer un tournoi qui attire les pros, sans faire passer les autres pour des fish. Il faut qu’ils jouent vite, qu’ils enlèvent leurs écouteurs, qu’ils parlent aux gens et qu’ils s’impliquent.
L’autre jour, j’étais dans le train et une femme enceinte est montée. Je me suis levé pour lui laisser ma place. Certains passagers se sont dit que j’étais un mec sympa, d’autres un snob.
Moi, je veux que les gens qui travaillent pour le PartyPoker Live pensent que qui que ce soit soit snob. Le marketing et la vente, ce n’est pas mon truc. Alors si ça marche, tant mieux. Et si ça ne marche pas, tant pis.
En tout cas, il y a de la demande. De la même manière qu’il y avait de la demande pour l’EPT il y a 13 ans, aujourd’hui les joueurs veulent quelque chose de différent, de ludique.
Est-ce important d’avoir des retours des joueurs ?
En ce moment, je travaille sur un logiciel de sondage. Un peu comme ceux de Twitter, mais en plus détaillé. L’idée, c’est de créer une base de données de joueurs et de suivre l’évolution de l’opinion.
On ne pourra jamais satisfaire tout le monde, mais je veux répondre autant que possible à la demande. Je veux créer un panel de réflexion et leur demander ce qu’ils pensent des "deals" entre joueurs, de la structure des tournois, et les faire voter. Il faut qu’il y ait plein de joueurs.
Ensuite, je prendrai des décisions à partir de ces résultats.
Pour qui est conçu ce circuit ?
Pour les joueurs. En ce qui concerne l’EPT, c’est après avoir entendu des joueurs discuter au Vic que j’en ai eu l’idée.
J’étais tout seul dans ma cuisine, j’ai contacté des gens, des casinos... Mais même si j’étais tout seul, j’ai toujours senti le soutien des joueurs.
Mais heureusement que je ne suis pas joueur pro, sinon je n’aurais jamais rien à manger.
J’adore le poker, j’aime bien jouer. C’est le jeu parfait pour les handicapés des relations sociales. C’est ce que j’aime dans le poker.
Il n’y a plus de classes ni de différences. Si vous êtes de mauvaise humeur et que vous ne voulez parler à personne, on vous laisse tranquille. Tu peux être qui tu veux, quel que soit ton état d’esprit. C’est ça le poker.
Est-ce que l’idée c’est de faire du PartyPoker Live une « partie entre potes » ?
Je crois que les joueurs en ont marre de voyager. À Sotchi, je parie que 85 % des joueurs seront russes (ce fut même un peu plus sur les plus de 1000 inscrits du Main Event du PartyPoker Live NDLR). Si on arrive à créer un circuit bien calibré où les tournois les plus sympas sont locaux, et que les gens n’ont pas besoin de voyager, alors on aura réussi notre pari.
L’autre problème, c’est la communication. Parfois, tu arrives à une table et les neuf joueurs parlent cinq langues différentes. Quand c’est comme ça, difficile de créer une véritable ambiance. C’est un vrai problème. En Russie, on devrait parler russe.
On appelle ça la localisation. Il s’agit de créer un tournoi local, rattaché à un plus gros tournoi au niveau international. Mais ça, on en reparlera en temps voulu.
Comment trouver l’équilibre entre un tournoi sympa et un tournoi rentable ?
Évidemment que les joueurs préféreraient un tournoi sans prélèvement, mais ils ne sont pas idiots. Ils savent qu’on doit gagner notre vie aussi.
À l’Hippodrome, PokerStars a gagné plus d’argent que le vainqueur du tournoi. Et ça, c’est ridicule. Comment peuvent-ils être aussi bêtes ?
Il faut réduire les coûts. A-t-on vraiment besoin d’envoyer 15 personnes du siège en Russie, alors qu’ils ne parlent même pas russe ? À quoi serviraient-ils là-bas ?
Je dis ça sans méchanceté, mais il n’y a aucun intérêt à être sur place si on ne peut pas communiquer. Sur l’EPT, il y avait tellement d’employés de PokerStars... Impossible de savoir s’ils servaient à quelque chose.
Au final, l’objectif est-il de créer une véritable communauté PartyPoker Live ?
Oui, c’est ce qu’on veut faire, mais ça ne se force pas. Ça doit se faire naturellement.
Il faut simplement créer l’environnement parfait pour cela.
PartyPoker a toujours été lié au WPT Europe, mais ça n’a jamais aussi bien marché que l’EPT. Qu’est-ce que le PartyPoker Live va apporter de différent ?
Il s’agit de se concentrer sur les gens, et de ne jamais employer de personnes tristes. C’est aussi simple que ça. Je veux bosser avec des gens qui aiment les joueurs de poker.
Si je sens que quelqu’un n’aime pas les joueurs ou ne veut pas vraiment être là, on ne les reverra plus sur un autre tournoi. Je serai sans pitié.
Moi, j’aime tous les joueurs. Il y a des cons, comme partout, mais je les aime quand même. Le poker est tellement fascinant. Des personnalités incroyables, partout.
Je ne peux pas forcer les gens à se respecter, mais je sais que beaucoup de gens sont ouverts et respectueux.
Moi, je ne veux rien imposer. Je veux que ça vienne des gens. L’autre jour, je suis allé prendre de l’essence. Le mec a la caisse s’est soudainement souvenu qu’il était censé interagir avec les clients et m’a demandé si j’allais faire quelque chose de sympa cet après-midi-là.
J’avais envie de lui répondre que j’allais emmener mon fils voir une pute pour la première fois.
Je ne veux pas voir ce genre d’interaction aux tables de poker. Je veux que ce soit naturel.
Que veux-tu que les joueurs disent à leurs amis après un tournoi du PartyPoker Live ?
Le seul moyen qu’ils disent quelque chose de positif, c’est qu’ils s’amusent. C’est difficile à contrôler.
J’espère qu’ils se diront qu’ils se sont bien amusés.
Je veux que les joueurs retrouvent ce sentiment. Cette joie qu’on ressent après une super soirée, une bonne partie, j’adore ça.
On n’y arrivera pas à chaque fois, mais tu sais ce qui me ferait plaisir d’ici un an ? Quand tu arrives dans un bar et que tu vois des groupes de gens rire, discuter ici et là... Juste beaucoup d’interactions et d’échanges. Si j’arrive à voir ça, je saurai qu’on a réussi notre mission.
Mais je ne peux pas le forcer. J’espère simplement qu’on retrouvera ça. Je n’en peux plus de voir des costards partout.
Est-ce que tu vois PokerStars ou 888 comme des concurrents ?
Non,, pas comme des concurrents. J’aime bien Unibet. Leurs tournois sont sympas. Eva fait du super boulot, parce qu’elle aime les gens. Elle est tellement sympathique, et c’est très sincère. C’est pour ça que ça marche bien.
Quand il y a des mecs en costard partout, l’air impeccable, comment tu veux que les gens s’amusent ? Il faut être sincère, c’est la seule chose qui fonctionne.
Est-ce que c’était important pour toi d’avoir un contrat de 5 ans ?
Leur projet était sur 5 ans et je voulais en faire partie. Je n’ai plus 27 ans. J’en suis conscient, donc un contrat de 5 ans me convient tout à fait.
J’ai encore assez de temps pour faire autre chose à côté, comme écrire ou réaliser. Je peux continuer à faire ce que j’aime.
C’est essentiel d’avoir un contrat. Il faut pouvoir s’engager à fond. Moi, je n’ai pas de profil sur LinkedIn. Si ça ne marche pas, nos chemins se sépareront.
Mais honnêtement, il faudrait que ça se passe vraiment mal, parce que j’apprécie vraiment les gens avec qui je travaille. Et j’ai vraiment un bon pressentiment.
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