
Le Canadien vient tout juste de remporter le High Roller des WSOPE 2013 pour 725 000€ de gains, s'assurant du même coup le titre de Joueur de l'Année et son sixième bracelet, le tout devant un public déchaîné.
Une véritable consécration pour le joueur Canadien sur le circuit depuis presque 20 ans.
Alors et maintenant ? Quoi de beau au programme du KidPoker ?Negreanu a gracieusement accepté de répondre aux nombreuses sollicitations de la presse après sa victoire, et voici ce qu'il a pu nous dire.
Daniel, tu viens de remporter ton sixième bracelet et le titre de Joueur de l'Année dans la même journée, c'est impressionnant. Lequel des deux est le plus important pour toi ?
Ouh là... Pour être honnête, je dois avouer que ce titre de Joueur de l'Année est très important pour moi. Chaque année, c'est mon objectif. Je sais que je gagnerai des bracelets et je suis extrêmement heureux d'en compter 6 aujourd'hui. Cela me remet dans la course au classement des meilleurs joueurs de l'histoire.
Mais être désigné Joueur de l'Année deux fois ? Pour moi, ça confirme mon statut et ma qualité en tant que joueur, alors qu'à une certaine période je doutais beaucoup de moi-même. Je me disais : « peut-être que les jeunes joueurs sont bien meilleurs que moi et que je n'arriverai jamais à gagner à nouveau. »
Quand j'ai retrouvé de la confiance en moi et en mon jeu, la roue a tourné.
Je me suis prouvé à moi-même que j'en étais capable. Honnêtement, je suis plus sévère envers moi-même que n'importe quel commentaire que vous pouvez lire sur les forums. Quand je ne gagne pas, je ne me pardonne rien.
Tu as récemment déclaré vouloir voyager un peu moins. Est-ce que tu penses vraiment être prêt à laisser tout cela de côté ?
Oh, je suis et resterai toujours un joueur de poker. Le poker fera toujours partie de ma vie. Et puis heureusement pour moi, les WSOP sont à Vegas, où je vis actuellement.
Mais effectivement, j'ai accompli tellement de choses au poker et j'ai aussi compris que la clé d'une vie heureuse était de trouver le bon équilibre. Ne serait-ce qu'à l'occasion de ce voyage en Europe, j'ai eu la chance d'avoir un ami avec moi pour faire un peu de tourisme.
Quand j'avais la vingtaine, je ne m'occupais que de mon jogging, du poker et de moi. J'étais toujours sur la route.
Maintenant je veux vraiment vivre ma vie et profiter de mes voyages. Si je continue à parcourir le monde pour jouer au poker, je vais commencer à prolonger mes séjours pour faire le touriste.
D'ailleurs, est-ce que c'était sympa d'avoir quelques supporters ici avec toi ?
Honnêtement, je n'ai vraiment pas l'habitude d'avoir des supporters sur place, contrairement à certains joueurs. D'habitude, quand je gagne, je suis tout seul. C'était incroyable d'avoir mes amis avec moi aussi. Ça aussi c'est une nouveauté, j'ai beaucoup plus d'amis qu'avant.
Ces dix dernières années, j'ai eu tendance à m'isoler un peu. J'avais juste un petit groupe de gens qui travaillaient avec moi.
Maintenant, c'est très important pour moi d'avoir un groupe d'amis qui m'aiment pour ce que je suis.
C'était toi qui avais le moins de jetons au début de cette table finale très relevée. À quel moment t'es-tu dit que tu pouvais gagner le tournoi ?
J'ai toujours pensé que j'allais gagner. Pendant le Main Event des WSOPE, j'ai fait tout le tournoi en ayant à peine 10 ou 15 blindes. Je me suis battu tout le long du tournoi, je ne voulais pas sortir.
J'ai fini par me faire sortir de ce tournoi, mais je savais que j'aurai une autre chance. Une fois que j'ai réussi à doubler mes jetons et que j'ai eu une vingtaine de BB, j'ai su que j'étais bien parti.
Et quand j'ai encore doublé, j'ai su que j'avais mes chances pour la victoire. Et quand j'ai eu un million de jetons, j'ai compris que c'était vraiment sérieux.
Peux-tu nous parler un peu de la composition de cette table finale ?
Quand je compare le poker de 2004 et celui d'aujourd'hui, l'une des plus grandes différences c'est qu'aujourd'hui les choses deviennent très très compliquées dès lors qu'il reste deux tables.
Avant, je pouvais arriver tranquillement jusqu'à la table finale. Mais pas avec les 16 joueurs qu'il y avait cette fois-ci : Phil Ivey, Jason Mercier et tous les autres.
Les joueurs font tellement peu d'erreurs en tournoi aujourd'hui... Il faut savoir prendre avantage de la moindre occasion.
Ces joueurs sont tous des spécialistes des high-rollers et ils sont très bons.
Est-ce que ton objectif était d'atteindre la table finale pour être sûr d'avoir le titre de Joueur de l'Année ?
Non. Mon objectif est toujours la victoire finale, mais c'était effectivement un premier pas vers celle-ci.J'ai dit en rigolant qu'une fois que je serais en table finale, j'en profiterais pour gagner le bracelet, mais finalement c'est bien ce qu'il s'est passé.
Tu es le premier joueur à remporter la « Triple Crown » des WSOP et tu as beaucoup insisté sur l'importance de globaliser la marque. Peux-tu nous expliquer un peu ce que tu veux dire par là ?
Beaucoup de gens dans le monde du poker se demandent si les World Series of Poker doivent se dérouler en dehors des États-Unis. J'aime à leur rappeler qu'il s'agit effectivement des WORLD Series of Poker.
Pour moi, c'est une question de respect envers le reste du monde. Cela permet à certains joueurs de jouer « à domicile ». Par exemple, il y avait beaucoup plus de joueurs français ici qu'aux WSOP à Vegas. Je pense que c'est quelque chose d'important et je supporte cette initiative des WSOP à 100%.
Chacune des versions des WSOP respecte la valeur des bracelets, et c'est pour ça qu'on y retrouve des joueurs comme Phil Hellmuth ou Phil Ivey. Le bracelet reste le bracelet.
Peux-tu comparer ton titre de Joueur de l'Année à celui que tu as remporté en 2004 ?
C'était une autre époque. En 2004, j'avais mis au point une stratégie qui était en avance sur son temps et qui me rendait les choses faciles.
Aujourd'hui, la majorité des joueurs jouent en « Small Ball ».
Mais en 2004, les joueurs faisaient des relances de quatre fois la blind. Moi je relançais de 2,5 et on se moquait de moi. Sauf que je gagnais et que les gens ont fini par s'en rendre compte.
Personnellement, ce deuxième titre représente beaucoup plus pour moi. Il a été beaucoup plus difficile à obtenir. Je suis allé en Australie, j'ai beaucoup grindé à Vegas et je suis venu ici pour gagner le tout dernier tournoi. J'adore les rebondissements !
C'était comme arrivé au début de dernier inning d'un match de base-ball avec du monde à toutes les bases. J'adore ça.
Ça me rappelle 2004, quand j'ai dû remporter le tout dernier tournoi de la saison pour être sûr d'arracher le titre de Joueur de l'Année. Il faut croire que j'aime le suspense.
Un sixième bracelet, un titre de meilleur joueur des WSOP et une bonne avance dans tous les classements qui existent. Est-ce que le fait que tu aies annoncé tout ça dès le début de l'année rend tout ça encore un peu plus savoureux ?
Oui, entre autres. On s'en est beaucoup pris à moi pour ma participation au Choice Center, qui pour moi a été une expérience extraordinaire. Je préfère laisser mes résultats parler pour moi.
Et à part ça, le plus savoureux de tout ça, c'est de prouver qu'on n'a pas besoin de faire de 3-bet pour gagner : mon pourcentage de 3-bet est de 0,0003% et je m'en tire très bien.
J'ai dit en rigolant qu'on ne voyait plus personne faire de 5-bet ou de 6-bet, mais en fait, pour bien jouer au poker, il faut savoir jouer le flop. Si tu ne sais pas jouer le flop correctement, tu ne pourras jamais être régulier et tenir sur la durée.
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