
Phil Hellmuth, détenteur de 13 bracelets WSOP, a notamment déclaré, dans une interview pour QuadJacks.com :
« Il y a une drogue dont j'ai oublié le nom mais qui ressemble au speed. Un truc vraiment fort. Beaucoup de joueurs de poker en ont pris ces dix dernières années. Presque tous ceux qui en ont pris ont gagné entre un et deux millions de dollars sur une période de 6 ou 8 mois. Ensuite, les effets de la drogues ont commencé à disparaître et un certain nombre de joueurs se sont rendu compte qu'ils étaient devenus accros. Moi j'ai fumé un peu d'herbe il y a 25 ans, mais les drogues ne sont pas vraiment mon truc. »
Bien que le Poker Brat semble loin d'être un expert des drogues, on ne peut nier l'omniprésence de celles-ci dans l'univers du poker.
C'est pourquoi nous allons aujourd'hui nous pencher sur les drogues utilisées par les joueurs de poker en live et sur Internet, du cannabis à la cocaïne en passant par les pilules "magiques" comme l'Adderall et le Provigil.
Pour chacun des éléments de la liste, nous verrons également les effets qu'ils ont sur les joueurs et comment ils ont trouvé leur place dans le poker.
Adderall (sels mixtes d'amphétamine)
La description des effets de l'Adderall en fait à première vue un véritable Graal pour les joueurs de poker, mais de plus en plus d'études récentes remettent en cause ses qualités en termes d'augmentation des performances cognitives.
L'Adderall, à base d'amphétamines, est utilisé le plus souvent pour traiter les troubles du déficit de l'attention avec hyperactivité, mais il a également la réputation de booster la concentration et les performances mentales des personnes qui ne sont pas touchées par ce trouble.
S'il ne fait aucun doute que l'Adderall vous donnera l'impression que vous êtes très performant, en réalité ses effets dépendent beaucoup de vos performances à la base.
Une étude menée par Martha J. Farah à l'Université de Pennsylvanie a démontré que l'Adderall améliorait effectivement les performances des sujets qui sous-performaient, mais qu'il affectait de manière négative les sujets qui accomplissaient déjà des performances au-dessus de la moyenne.
Si l'on ramène ça au poker, l'Adderall pourrait effectivement aider un joueur peu en forme à mieux jouer mais pourrait également desservir un joueur qui exploite déjà bien ses capacités.
Ce que l'étude de Farah a également démontré, c'est que si les effets positifs étaient largement variables, en revanche les sujets étaient tous persuadés d'être plus performants.
En résumé, l'Adderall vous permettrait d'être plus concentré et de rester éveillé, mais pas sûr qu'il vous permette de mieux jouer.
Par ailleurs, la consommation d'Adderall peut entraîner une dépendance et des effets secondaires tels que perte d'appétit, dépression et paranoïa. Peut-être pas le meilleur candidat pour que votre poker franchisse un palier, donc.
La Dexédrine est un autre médicament utilisé pour traiter le TDA et contient de la dextroamphétamine. Elle a les mêmes usages que l'Adderall.
Ritaline (méthylphénidate)
Tout comme l'Adderall, la Ritaline est à l'origine un traitement du TDA, mais est aujourd'hui très prisée chez les personnes voulant booster leurs performances cognitives.
Chez les patients souffrant de trouble du déficit de l'attention, la Ritaline permet d'atteindre un niveau normal de concentration, mais pour un consommateur lambda en bonne santé, elle permet de maintenir un niveau optimal de concentration pendant de longues heures.
Nul doute que la possibilité de rester éveillé plus longtemps en étant concentré au maximum est séduisante pour tout joueur de poker.
Par ailleurs, la Ritaline est le médicament le plus répandu de sa catégorie et est donc très facile à obtenir et assez peu cher.
Cependant, si la Ritaline n'induit pas d'addiction lorsque utilisée correctement dans le cadre d'une prescription, un usage récréatif et parfois abusif peut rendre accro.
Cocaïne
Après l'alcool et le cannabis, la cocaïne est très certainement la drogue la plus répandue dans le poker, que ce soit pendant les fêtes sur le circuit ou pour rester éveillé devant son ordinateur. Un nombre surprenant de joueurs en consomment.
Tout comme l'Adderall et la Ritaline mentionnés plus haut, la cocaïne permet de rester éveillé et concentré et donc de jouer pendant de longues heures, ce qui explique sa popularité auprès des joueurs.
Ce qui est moins séduisant en revanche, c'est son potentiel addictif, ses effets secondaires et son coût pour le moins prohibitif.
Il suffit de regarder Stu Ungar pour s'en rendre compte.
Dans sa biographie, il explique avoir commencé à prendre de la cocaïne sur conseil de ses amis joueurs de poker qui l'utilisaient pour rester en forme pendant leurs longues sessions de jeu.
Et si Ungar a effectivement été très performant à la table de poker, l'addiction à la cocaïne qu'il a développée a fini par le tuer.
En résumé, un usage modéré pourrait effectivement vous aider à court-terme, mais les risques à long-terme devrait on l'espère suffire à vous dissuader d'en utiliser.
Modiodal (modafinil)
Le modafinil est principalement utilisé dans le cadre du traitement de la narcolepsie et de l'hypersomnie idiopathique, mais beaucoup l'utilisent pour se donner un coup de fouet et rester concentrés.
D'après un documentaire qui lui était consacré sur CBS l'année dernière, le Provigil (version américaine du Modiodal) est plébiscité par les programmeurs, les grands hommes d'affaires et bien sûr les joueurs de poker.
Dans un article publié dans le New Yorker en 2012, le joueur pro Paul Phillips déclarait notamment que l'Adderall puis le Provigil l'avaient aidé à remporter des millions de dollars :
« Le principe-même du poker est d'être assis à observer longuement ton adversaire et à le faire mieux que lui. Avec le Provigil, je pouvais utiliser toutes les informations et prendre les meilleures décisions. »
Si la grande majorité des gens qui utilisent le modafinil ne ressentent pas d'effets secondaires, il y a encore beaucoup de choses que nous ne connaissons pas à propos de cette substance. En effet, aucune étude n'a encore été menée sur ses effets à long-terme.
Bêta-bloquants
On en parle moins que des précédents, mais les bêta-bloquants permettent de combattre l'anxiété et sont largement utilisés depuis qu'on les a découverts dans les années 60.
Les bêta-bloquants permettent d'atténuer les effets du stress comme l'accélération du rythme cardiaque, de la respiration et la transpiration. Assez pratique à la table de poker, donc.
Les joueurs de poker pourraient donc utiliser les bêta-bloquants pour garder leur « poker face » et contrôler leur anxiété afin d'être plus concentrés et de mieux jouer.
Attention tout de même, la liste des effets secondaires potentiels des bêta-bloquants est longue comme le bras : de la nausée à la diarrhée en passant par l'impuissance, il vaut peut-être mieux choisir une approche un peu plus saine pour arriver à gérer votre anxiété.
Alpha Brain (nootropique équilibré)
Alpha Brain est un supplément qui ne fait pas vraiment partie de la même catégorie que les « drogues » citées ci-dessus. Ce qui ne l'empêche pas d'avoir des principes actifs puissants.
Et surtout, la promotion d'Alpha Brain est assurée par les joueurs de poker Matt Vengrin et Sorel Mizzi, ce qui justifie qu'on le mentionne ici.
Chez Alpha Brain, on promet de vous aider à rester plus calme, concentré et déterminé.
Les retours des clients sont assez mitigés, mais la liste des ingrédients est impressionnante et des grands noms comme Joe Rogan conseillent de l'utiliser.
Sur le site d'Alpha Brain :
« Alpha Brain contient de l'alpha-GTC, source de choline, un précurseur à l'acétylcholine qui est un neurotransmetteur permettant d'augmenter l'acuité mentale et les capacités cognitives, de la vinpocétine, un nootropique extrait de la pervenche, bien connu et également utilisé pour ses propriétés neuroprotectrices, la Bacopa, un autre nootropique qui permet d'améliorer l'apprentissage moteur, la mémoire et de réduire l'anxiété, et de l'AC-11, un composé dérivé de la liane du Pérou, originaire de la forêt amazonienne et qui permet au corps de réparer l'ADN endommagé. »
Quant aux critiques, beaucoup concernent le prix très élevé d'Alpha Brain.
Alcool
L'alcool est de très loin la « drogue » la plus répandue dans le poker.
Des verres offerts gracieusement aux joueurs à Vegas au pack de bières que vous achetez avant d'aller jouer avec vos amis, aucune substance n'a plus d'impact sur le poker que l'alcool.
Et si vous pensez que seuls les amateurs y trempent, détrompez-vous. Il suffit pour s'en rendre compte de revoir la « fameuse » prestation de Scotty Nguyen aux WSOP 2008.
Ceci dit, si vous avez moins de mal que Scotty à vous modérer, un verre ou deux peuvent vous permettre de gérer le stress généré par le poker.
TJ Cloutier décrivait d'ailleurs Bill Smith (Champion du Monde 1985) comme le meilleur joueur du monde quand il avait un peu bu, et le plus mauvais quand il avait bu un verre de trop.
Et comme vous le savez peut-être d'expérience, l'alcool a un effet particulièrement dévastateur sur la mémoire et il est parfois très difficile de se souvenir de ce qui est arrivé lorsqu'on était alcoolisé. Ce qui peut être un peu problématique au poker si vous êtes incapables de vous baser sur votre expérience pour prendre des décisions.
En résumé, étant donné les effets négatifs tant sur le plan mental que physique de l'alcool, il est insensé de penser qu'il peut vous permettre de devenir un meilleur joueur de poker.
Ceci dit, ça ne veut pas dire que l'alcool ne peut pas vous permettre de gagner plus d'argent. Repérez le joueur qui commande le plus de Jaggerbombs et jouez contre lui.
Marijuana
S'il y a bien une drogue qui semble avoir été créée sur mesure pour les longues soirées passées à jouer au poker sur l'ordinateur au sous-sol de chez ses parents, c'est bien le cannabis.
C'est bien pour cela que le cannabis est la deuxième drogue la plus répandue dans le poker, après l'alcool.
De plus en plus de jeunes fument de l'herbe, et de plus en plus de jeunes se lancent dans le poker. Pas difficile de comprendre comment le cannabis est devenu si commun dans le poker.
Et il suffit de traverser un parking ou un couloir d'hôtel pendant les World Series of Poker à Vegas pour se rendre compte du nombre de joueurs qui jouent stones.
Les effets de la marijuana incluent :
Une modification de la perception du temps, de l'espace, des distances, de la vue, du toucher et de l'ouïe, Capacités de jugement et de prise de décision altérées, Problèmes de coordination et augmentation du temps de réaction, Désorientation, Somnolence, Problèmes de mémoire et cognitifs, Difficultés à réfléchir et à résoudre des problèmes.Tout comme l'alcool, l'herbe altère votre jugement, vos prises de décisions, vos capacités cognitives et votre mémoire. Difficile de croire que cela peut faire de vous un meilleur joueur.
Les consommateurs disent souvent que cela leur permet d'être plus concentrés, ce qui est évidemment une bonne chose pour un joueur de poker, mais des études ont montré que dans le cadre d'un usage chronique, les capacités de concentration sont plutôt affectées négativement.
Cependant, la marijuana peut effectivement permettre aux joueurs de réduire leur anxiété, qu'ils jouent en ligne ou en live. Mais comme pour toutes les drogues ou produits, nous ne pouvons naturellement que la déconseiller.
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