Au premier regard, il semble que le poker français est au fond du trou. Mais lorsqu’on creuse un peu, on trouve quelques lueurs d’espoir.
Julien "Yuestud" Brécard en fait partie. Après avoir occupé à peu près toutes les fonctions imaginables dans le poker, ce membre de la team PokerStars Pro continue à faire tout son possible pour promouvoir le poker.
Producteur de l’émission de téléréalité La Maison du Bluff, présentateur des French Poker Awards et joueur talentueux, nous avons retrouvé Brécard à Deauville pour évoquer avec lui la situation du poker en France, sa paternité et bien d’autres choses.
Tu a présenté les France Poker Awards. Penses-tu qu’il s’agit de quelque chose d’important pour le poker français ou plutôt d’un outil marketing ?
Les France Poker Awards existent depuis 2010. Au départ, c’était surtout l’occasion pour les différents acteurs du poker français de se rencontrer et faire connaissance.
Aujourd’hui, nous essayons de promouvoir le poker auprès du grand public. Pour être honnête, il n’y a qu’un seul vainqueur qui puisse attirer l’attention du grand public : Patrick Bruel, qui a reçu le titre d’Ambassadeur de l’année.
Il est normal qu’on parle de ce trophée dans les médias grand public.
Au début des années 90, il était une grande star de la variété française. En 1998, il a remporté un bracelet WSOP, bien avant l’explosion du poker.
Par ailleurs, il est aussi l’un des propriétaires de Winamax qui est le plus grand site de poker de France.
De plus, sa famille est juive et d’origine algérienne. Estimes-tu que les attentats contre Charlie Hebdo ont eu un impact sur le poker français ?
Normalement, on parle très peu de politique dans le poker. Même les joueurs d’origine musulmane en parlent peu.
Mais la communauté juive est très bien représentée dans le poker français et j’espère qu’ils n’ont pas trop peur pour rester en France.
Personnellement, je vis à 1 km de là où les attaques ont eu lieu donc j’étais très proche de l’attentat.
Tu as littéralement tout fait dans le poker. Peux-tu nous parler un peu de toutes tes activités ?
J’ai fait partie des gens qui ont assuré la promotion du poker en France dès ses débuts. D’abord croupier, je suis ensuite devenu commentateur et reporter sur les tournois.
En 2007, j’ai commencé à travailler pour Everest Poker dans les RP et l’événementiel : j’organisais de grands événements, comme “Live the Dream”.
Ensuite, j’ai été à la tête de l’équipe Winamax pendant un an. A la fin de l’année, toute l’équipe s’est rendue à Las Vegas. Dans mon temps libre, j’ai participé à un tournoi au Venetian... que j’ai gagné et qui m’a rapporté 50 000 $.
A ce moment-là j’ai décidé de participer aux WSOP et j’ai terminé dans le top 100 du Main Event. PokerStars m’a alors proposé de rejoindre et de gérer la Team Pro française en tant que joueur sponsorisé.
Le marché français semble parfois un peu isolé au sein de l’Europe, avec des sites locaux très puissants, des circuits nationaux, etc. Le poker français est-il vraiment à part ?
Pas vraiment. Par contre on doit faire face à un certain nombre de difficultés spécifiques à notre législation, c’est peut-être pour cela qu’on a toujours l’impression que le poker français est en galère.
Le gouvernement veut profiter des profits générés par le poker mais refuse de prendre en compte les besoins du marché français.
L’Aviation Club et d’autres ont été fermés par la police récemment. Que se passe-t-il ?
Nous traversons une période difficile. L’Aviation Club, le Cercle Wagram et le Cercle Cadet - où ont eu lieu les France Poker Series l’année dernière avec plus de 900 participants - ont tous été fermés.
Et maintenant il paraît que l’EPT Deauville pourrait disparaître. Beaucoup de joueurs ont abandonné le poker ou quitté le pays.
Les tournois à 1000 € marchent bien, mais au-dessus de ça on n’arrive plus à attirer les joueurs.
Le problème, c’est que pour un EPT on ne peut pas vraiment baisser les buy-ins. Il faut bien qu’il y ait une différence entre la Ligue des Champions et le championnat national.
Le Main Event à 5 000 € est la marque de fabrique de l’EPT, baisser le buy-in serait idiot. Notre priorité est clairement de réconcilier le grand public avec le poker.
Parlons un peu de La Maison du Bluff, ce Big Brother du poker. Tu as commencé en tant que commentateur la première saison, mais tu es désormais coach.
Oui, je dirais même que je suis responsable de tout le truc. (rires)
Je faisais partie de l’équipe de développement du concept. Aujourd’hui, nous en sommes à la cinquième saison. On a commencé à Marrakech, puis Marbella, puis Faro, Agadir et cette année nous sommes à Malte.
J’organise toutes les parties qui ont lieu dans l’émission.
L’émission fonctionne bien ?
Oui, elle est de plus en plus populaire, même si on n’a évidemment pas les audiences de The Voice ou autre.
On propose un contenu inédit, nos candidats participent à des jeux très élaborés et ça intrigue beaucoup de monde.
Notre objectif est de montrer à quel point on peut s’amuser dans le poker. Donc on explique de manière simple certains aspects du jeu.
On donne aussi des surnoms marrants aux candidats par exemple, comme dans le poker. Ou on les déguise.
Dans la vraie vie, où habites-tu ?
A Paris. Ma copine est architecte et a son propre cabinet à Paris. Mon futur, c’est elle. (rires)
Et puis nous avons un petit enfant.
Comment arrives-tu à gérer la paternité et le poker ?
Je fais plus de trucs de papa que de poker. (rires)
Je me suis fait sortir du Main Event assez violemment. A une époque, ça m’aurait complètement démoli.
Maintenant, je passe un coup de fil à ma copine, je vois ma fille et en 20 minutes c’est oublié. Le poker n’occupe plus mes pensées 24h/24 comme avant.
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