22 hommes auront en effet pris part au "tournoi des filles" de l'EPT Deauville, avec 7 d'entre eux encore là parmi les 14 "joueuses" encore en course. Et c'est même l'un d'entre eux qui s'est imposé.
Sabina Hiatullah, deuxième, aura reçu le trophée - et bien que regrettant la situation se sera même amusée du faible niveau de pas mal des intrus - , mais la situation aura naturellement laissé un goût amer à la plupart des observateurs.
L'un de ceux-ci ? Nulle autre que Gaëlle Baumann, l'une des quelques femmes du poker qui a réussi à faire oublier les débats sur le genre en se focalisant principalement sur son jeu.
PokerListings a rencontré la joueuse Winamax à l'occasion de cet EPT Deauville, pour recueillir son opinion sur l'importance de ces Ladies Events, mais aussi bien sûr sa prochaine maternité et son futur en tant que joueuse de poker professionnelle.

Vingt hommes ont donc participé au Ladies Event de l'EPT Deauville. Qu'en penses-tu ?
Les hommes qui insistent pour participer aux tournois féminins sous prétexte que la loi les y autorise n'ont rien compris à ce type de tournoi.
Ces tournois ont une fonction marketing, ils sont utiles au poker live et au poker en général. Et puis de toutes façons, dans la majorité des tournois, 95% des joueurs sont des hommes.
Le Ladies Event est là pour permettre aux femmes qui n'osent pas participer aux autres tournois de jouer. C'est fait pour les inciter à jouer. Peut-être que le fait de jouer dans un environnement protégé leur permettra d'acquérir la confiance nécessaire pour se lancer dans un autre tournoi du circuit EPT.
Honnêtement, être la seule femme autour de la table peut être très intimidant. Je me souviens quand j'ai commencé à jouer dans des clubs à Paris, la plupart du temps j'étais très intimidée au milieu de tous ces mecs.
Tu as déclaré que l'Australie était ton pays préféré. Pourquoi es-tu ici et pas à l'Aussie Millions ?
(rires) Comme tu peux le voir, je suis enceinte de 5 mois. J'aime beaucoup l'Australie parce que j'y ai vécu quand j'étais plus jeune.
Mais j'aime aussi beaucoup Deauville, c'est très proche de Londres.
Tu vis à Londres ?
Oui, je vis entre Londres et Malte.
Et tu aimes Deauville en février ? C'est quand même un peu gris, froid et venteux, non ?
C'est sûr que ce serait plus agréable si le tournoi avait lieu en plein été.
Mais c'est mieux que de ne pas avoir d'étape française sur l'EPT. Et puis il y a beaucoup d'argent à récupérer ici, avec tous les amateurs parisiens qui font le voyage... On les aime beaucoup ici ! (rires)
Comme tu vis à l'étranger, est-ce que tu peux jouer sur les sites français ?
Depuis Malte, oui. Depuis Londres, non. C'est pour ça que je fais beaucoup d'allers-retours, pour pouvoir faire des tournois sur Winamax.
Il y a de moins en moins de fréquentation pour le poker en ligne en France, à cause des taxes et impôts. Où en est-on vraiment aujourd'hui ?
Beaucoup de joueurs français sont en mauvaise position vis à vis des impôts. Mais la législation n'est pas claire.
La conséquence, c'est que les joueurs ne sont plus sûrs de rien. Le principal problème, c'est qu'ils veulent imposer les gains sur les cinq dernières années. Le taux d'imposition est entre 35% et 40%. C'est beaucoup. Mais surtout, certains joueurs n'ont même plus leurs gains.
Quel est ton statut actuel en tant que joueuse professionnelle ?
Je vis avec mon copain et nous allons avoir un enfant. J'espère quand même pouvoir recommencer à jouer sur le circuit live dès que mon bébé aura un peu grandi, je n'ai pas l'intention de prendre ma retraite ! (rires) Je pense que ça sera possible, du moment qu'on s'organise correctement.
Je n'ai pas vraiment de modèle sur le circuit. Peut-être Claire Renaut, la femme de Fabrice Soulier. Elle ne participe pas aux tournois très chers, mais elle emmène son bébé avec elle sur le circuit lorsqu'elle accompagne son mari.
Tu as un jour confié vouloir étudier l'astrophysique. C'est toujours un projet ?
Non, mes projets n'ont rien à voir avec l'astrophysique. Ce rêve est terminé. (rires) Je suis une joueuse professionnelle, on verra si j'ai d'autres objectifs dans le futur.
Penses-tu qu'une femme doive avoir des caractéristiques masculines pour survivre sur le circuit ?
J'ai toujours dit que je pensais avoir plus de côtés masculins que féminins. Évidemment, c'est un peu cliché, mais il y a quand même beaucoup de différences au niveau du style de jeu dans les Ladies Events.
Mais je tiens quand même à dire que je me considère comme un joueur, pas un homme ou une femme.
Dernière question : ta rencontre avec Andras Koroknai au Main Event des WSOP 2012, tu en fais encore des cauchemars ?
En fait, je n'y pensais plus du tout jusqu'à ce que je joue contre lui à Prague il y a quelques semaines. Dès que j'ai joué une main contre lui, tous ces mauvais souvenirs sont remontés. (rires) J'imagine que c'est toujours là, dans mon subconscient. (rires)
(la vidéo de l'incident) :
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