Son succès, à la table de poker comme en dehors, parle pour lui, sans compter le fait qu'il soit sur le circuit depuis plus de 15 ans.
De retour en Normandie pour faire face à une météo apocalyptique et à la compétition assez tendre de l'EPT Deauville, PokerListings a retrouvé Soulier pour évoquer avec lui la situation du poker en France, la chute de l'Aviation Club de France, et la politique du pays.
Le nombre de participants à l'EPT Deauville diminue d'année en année. Penses-tu qu'il va rester au programme ?
J'espère sincèrement que oui. J'aime le fait qu'il y ait un EPT en France parce que le pays le mérite et c'est un marché important. Je pense juste qu'il n'est pas organisé au bon moment, il fait tellement mauvais en février...
Peut-être aussi que les joueurs français préféreraient avoir des tournois avec des buy-ins moyens. Les buy-ins à 2000 ou 1000 euros fonctionnent bien.
Tu aurais une idée pour une alternative à Deauville ?
Malheureusement, non. J'ai peur qu'on ait vécu le dernier grand tournoi en France avant un bon moment.
Tous les tournois qui avaient lieu à Cannes en septembre ont été annulés pour diverses raisons, donc il n'y aura rien là-bas cet automne.
Quid de Monaco ?
J'adorerais qu'il y ait plus de tournois à Monaco. Everest Poker devrait y organiser quelque chose, mais il y a quelques soucis diplomatiques.
Si ce n'était que moi, il y aurait des tournois à 10 000€, 50 000€ et 100 000€ deux fois par an.
Monaco a beaucoup de potentiel et c'est assez proche de la France pour qu'on considère cela comme un tournoi français.
Que penses-tu du fait que Malte ait intégré le circuit EPT ?
C'est génial ! C'est génial parce que je vais y emménager en mars. Je jouerai à domicile !
J'ai participé à la Battle of Malta l'année dernière et c'était très sympa. Je suis content que Malte se fasse une véritable place sur le marché.
En collaboration avec l'EPT, Alex Dreyfus et le GPI organisent les Global Poker Masters. Est-ce pertinent d'organiser une compétition par équipe ? Ça a toujours échoué jusqu'ici...
Je trouve ça bien qu'on continue à essayer. Il n'y a pas de raison pour qu'on ne puisse pas organiser un grand tournoi par équipe dans le poker.
On raconte que ton sponsor ne veut pas te laisser y participer, bien que tu aies été sélectionné pour l'équipe de France.
La décision ne dépend pas de moi donc je ne peux pas vous donner de réponse claire. Les implications de tout cela me passent loin au-dessus.
Récemment, la police a fermé l'Aviation Club de France. Est-ce qu'ils ont les joueurs français en ligne de mire ?
Je fais énormément d'efforts pour rester calme et dire des choses agréables sur mon pays, mais c'est de plus en plus difficile.
Ils sont en train de tout tuer. C'est de plus en plus dur de faire quoi que ce soit.
Donc cela ne se limite pas au poker ?
Non, c'est les affaires en général. Tout ce qui touche à entrepreneuriat est visé.
Si vous n'avez pas énormément d'argent, avec la sécu et tout ça, ça va. Mais pour peu que tu veuilles lancer ton affaire et gagner un peu d'argent, mieux vaut aller ailleurs.
J'ai eu beaucoup de mal à quitter la France en 2003, mais maintenant je suis heureuse de ne plus y vivre. Ça me rendrait fou.
Il y a quelques semaines, la France a subi un énorme choc lors des attentats contre Charlie Hebdo. Penses-tu que ces événements puissent avoir des effets à long terme ?
C'est une vraie question essentielle.
D'ailleurs, ma petite fille de neuf ans s'appelle Charlie... Imaginez ce que ça fait de voir son nom dans tous les journaux à propos de tout cela.
J'espère que cette tragédie permettra d'explorer de nouvelles possibilités, mais j'ai du mal à répondre à cette question.
Toi qui travailles dans les médias depuis longtemps, te sens-tu particulièrement touché par tout cela ?
Évidemment. J'ai 45 ans et Charlie Hebdo m'accompagne depuis de longues années.
Ce que je n'aime pas, c'est qu'on me dise à quoi je suis censé rire ou pas. Si quelque chose est drôle, alors je peux en rire.
Je soutiens la liberté d'expression et je suis très touché par ce qu'il s'est passé. J'étais au Brésil lorsque j'ai entendu la nouvelle et pour être honnête, j'ai pleuré.
J'ai passé toute la nuit sur Internet, c'était très douloureux.
As-tu déjà pensé qu'un tournoi de poker pourrait être une cible potentielle ?
Oui. Honnêtement, j'y ai même pensé en venant à Deauville. J'ai vérifié qu'il y avait des caméras, la sécurité, etc.
Au début on a l'impression qu'il n'y a rien, mais évidemment il y a du personnel.
C'est pareil pour tous les grands tournois et événements.
Ces terroristes opèrent seuls ou en petits groupes. Il n'y a pas de grande organisation donc c'est impossible de tous les trouver. Le risque zéro n'existe pas, où qu'on soit.
Comment notre société est-elle censée gérer ces menaces ? Doit-on être plus tolérant ? Ou moins ?
C'est une grande question philosophique. Personnellement, plus je vois ce genre de choses, plus je crois à la paix.
Je n'ai pas vraiment de réponse simple. C'est l'argent qui fait tourner notre monde et il y a beaucoup de choses que nous ne savons pas, par exemple si la CIA a financé Al-Qaïda ou non.
Nous avons besoin de temps pour savoir comment gérer le terrorisme, en France comme à l'international.
Mais tu n'es pas partisan des solutions radicales comme « fermons les frontières ! ».
Non, bien sûr que non ! Je suis un entrepreneur et je suis bien loin d'être de droite.
Si vous voulez vraiment que je dise quelque chose de politique, alors je pense que l'extrême-droite, qui recueille environ 30% des votes en ce moment, fait beaucoup de mal à notre pays.
Voter pour l'extrême-droite actuellement n'est absolument pas une solution à nos problèmes.
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