
Récemment, sur un vol entre Los Angeles et Londres, j’ai regardé un documentaire sur des jeunes qui grimpent sur les grues les plus hautes du monde et restent suspendus par une seule main.
Pas de harnais, pas de filet de sécurité, pas de deuxième chance. S’ils se relâchent, ils meurent.
Alors oui, être aussi casse-cou peut sembler stupide, et ça l’est, mais il y a quand même quelques leçons à en tirer.
Juste avant (et pendant) leur suspension, il y a un silence absolu. Pas un mot.
La concentration est la clé de la survie.
Le multitâche efficace ? Un mythe
Nous avons tous vécus ce genre de situations. Certes, peut-être pas au sommet d’une grue de la taille de l’Empire State Building, mais au moins des situations dans lesquelles la moindre erreur peut être fatale.
Lors d’un récent séjour au ski dans le Colorado, je me suis retrouvé sur le télésiège avec deux jeunes intrépides qui n’ont pas baissé la ceinture. Je ne l’ai pas fait non plus, c’était une question d’ego. Je ne voulais pas paraître lâche.
Alors que je contemplais ma probable mort quelques mètres en dessous, j’étais pétrifié. Je n’avais absolument pas l’intention d’engager la conversation. Hors de question. J’étais concentré sur une seule chose : garder les fesses dans mon siège.
Le multitâche efficace est un mythe, une norme sociale qu’on accepte pour être mieux intégré.
Cette inefficacité est la raison pour laquelle les intrépides suspendus au sommet des grues ne disent pas un mot, pour laquelle je ne disais rien lors de mon passage sur le télésiège, et pour laquelle j’ai eu un accident de voiture alors que j’étais au téléphone avec mon patron sur un kit mains-libres.
Jonjo Shelvey marque pour Swansea
Dimanche après-midi, j’ai décidé de me faire une petite session de poker en ligne. J’ai lancé quatre tables et j’ai commencé à jouer.
J’ai commencé à jouer à 15h. A 16h j’ai allumé la télé pour voir le match, c’était Southampton contre Swansea. Aucune des deux équipes ne m’intéresse particulièrement, mais j’ai décidé de laisser la télé allumée.
Puis j’ai décidé de regarder mes mails. Et comme on était dimanche, je me suis dit qu’il fallait faire le point sur mon programme de la semaine.
Google Calendar d’un côté, Wunderlist de l’autre, je classais mes différentes tâches par ordre de priorité.
Pendant ce temps-là, la partie battait son plein. J’étais grosse blinde, avec as-valet. Le cut-off est allé au tapis avec 15 BB.
J’étais perdu. Qui était ce joueur ? Depuis combien de temps était-il à cette table ?
Est-ce que c’était la première fois qu’il allait au tapis ? Est-ce qu’il était plutôt serré ou loose ? Agressif ou passif ?
Jonjo Shelvey marque pour Swansea, je me couche avec as-valet.
Une croyance qui ne résiste pas face à la science
“Le multitâche, c’est la possibilité de rater plusieurs choses à la fois.” Steve Uzzell
Entre le poker, le football et la multitude d’autres petites tâches auxquelles je me consacrais ce dimanche après-midi, quelle était la tâche la plus importante ?
C’était le poker. Alors pourquoi est-ce que je me distrayais avec des activités triviales au lieu d’y consacrer toute mon énergie ?
Ça n’a pas de sens, non ?
Et pourtant je suis persuadé que c’est une situation dans laquelle se retrouvent beaucoup de joueurs amateurs, voire quelques professionnels. Et pourquoi pas ?
Cette capacité à pouvoir gérer plusieurs activités à la fois est tellement à la mode ! Les entreprises en font même parfois une “compétence” nécessaire dans leurs annonces.
C’est n’importe quoi. C’est une arnaque. C’est une simple croyance qui ne résiste pas face aux faits scientifiques.
Des gens très sérieux dans des blouses blanches très sérieuses ont mené des études sur le multitâche : les gens qui le pratiquent sont non seulement moins bons, mais en plus se fatiguent beaucoup plus rapidement.
Les recherches menées à l’Université de Stanford ont démontré que les gens qui pratiquent le multitâches obtiennent de moins bons résultats que ceux qui se concentrent sur une seule chose à la fois. Ils réagissent moins vite parce qu’ils ont plus de mal à filtrer les informations importantes.
Des recherches similaires à l’Université de Londres ont également démontré que trop de multitâche finit par affecter le QI.
Les gens deviennent donc moins intelligents à force de vouloir en faire beaucoup à la fois. Certaines études tendent même à démontrer que le multitâche peut endommager le cerveau.
Le cerveau n’a pas des capacités illimitées
Il a beau être merveilleux, notre cerveau n’a pas des capacités illimitées.
Plus ces capacités sont divisées entre différentes tâches, moins vous serez efficace sur chacune d’elles.
Ma petite partie du dimanche en est un parfait exemple.
Si je consacre 25% de mon attention au poker, comment puis-je tenir le coup à long terme face à des adversaires qui seront concentrés à 100% ? Surtout s’ils ne sont qu’à une seule table.
Lorsque j’ai commencé le poker en ligne, je jouais sur deux tables. Je suis rapidement passé à quatre, puis huit, puis dix. Et je suis redescendu à quatre.
Maintenant j’alterne entre une, deux ou quatre tables. Je n’avais pas le niveau pour jouer sur plus d’une table à la fois, j’ai commencé à le faire par ennui.
Je ne comprenais pas l’intérêt de se concentrer sur une partie lorsque je ne participais pas à une main. Je pensais que tout ce qui importait c’était mes actions à moi.
Après m’être couché, je m’ennuyais. J’avais besoin de plus de tables.
Moins dangereux qu’une grue
Je me suis rendu compte qu’avec autant de tables je ne pouvais plus suivre. Je suis redescendu. Et j’ai recommencé à m’ennuyer.
J’ai commencé à regarder des films, du foot, à lire mes e-mails et même à écrire des articles. Récemment, je suis arrivé en table finale d’un tournoi de H.O.R.S.E. sur PokerStars tout en écrivant des articles.
Et je me croyais très intelligent, alors que j’ai simplement eu de la chance. J’étais très con.
Si le poker n’est qu’un loisir et que vos résultats importent peu, alors allez-y, faites plusieurs choses à la fois. Cependant, si vous prenez le poker au sérieux, alors vous vous devez de supprimer toutes les distractions.
Jouer sur le moins de tables possible et concentrez-vous sur votre jeu. N’oubliez pas que le jeu continue après que vous vous êtes couché.
Je vous conseillerais même de ne jouer sur une seule table lors d’une session. Vous apprendrez beaucoup sur vos capacités de concentration et comment elles peuvent vous permettre de vous améliorer.
Et puis après tout, c’est beaucoup moins dangereux que d’être suspendu à une grue à 600m de haut.
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